Barou Diarra, un exemple de courage devenu un modèle pour sa communauté

Grâce au financement du PAM, le projet de résilience mis en œuvre par le centre WorldVeg depuis un an dans la région de Koulikoro fait des heureux dans les villages de Diarrabougou et Nossombougou. Parmi les bénéficiaires figure Barou Diarra, qui demeure un exemple dans sa communauté.

La daba à la main, Barou Diarra, la quarantaine, passe entre les plants de chou pommé pour s’assurer que les mauvaises herbes ont été enlevées. Quelques mètres plus loin, le paysan arrosera les plants de piments grâce à une installation infortune depuis le puits de son périmètre maraîcher (PM). Grâce à sa moto pompe, Barou Diarra dispose de l’eau suffisamment toute l’année et à volonté pour sa production maraîchère – une technologie de luxe dans la communauté. Autochtone du village de Diarrabougou dans la région de Koulikoro, Barou Diarra est un exemple dans sa communauté en tant que producteur maîtrisant les nouvelles techniques de production maraîchère.

Comme lui, la soixantaine de membres de la coopérative « Benkadi » de Diarrabougou, composée majoritairement de femmes, a bénéficié de diverses activités de renforcement de capacité sur les bonnes techniques de production maraîchère dans un contexte difficile de changements climatiques. En effet, le village de Diarrabougou fait partie des localités bénéficiaires du projet dénommé « une contribution du Centre mondial des légumes au plan d’action pour le renforcement de la résilience ». Ce projet du Programme alimentaire mondial (PAM) au Mali est mis en œuvre par le centre WorldVeg afin d’améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle et de renforcer la résilience dans les zones rurales du pays. « Nous avons commencé nos activités sur le terrain par une étude diagnostique, qui présente la situation non seulement des installations sur les PM, mais aussi des contraintes, menaces et opportunités, liées à la production maraîchère », explique Boubacar Goro, coach en business de WorldVeg.

Enfin millionnaire !

Pour remédier aux insuffisances soulignées chez les producteurs lors de la phase d’évaluation, des formations ont été organisées sur les techniques de productions et sur les techniques de conservation post-récoltes. « Elles ont porté sur la préparation des pépinières maraîchères, le repiquage des plants, la culture hors sol et la technique Zero Energy Cool Chamber pour la conservation des légumes », explique Fatoumata Dougoune, coach en business du centre WorldVeg. Ces différentes formations ont eu un impact positif sur la vie des communautés de Diarrabougou.

C’est du moins l’avis de Barou Diarra. « Ce projet nous a ouvert les yeux. On a appris à cultiver autrement et cela a été très avantageux pour tous », dit-il. En effet, sur sa parcelle, Barou Diarra produit principalement du poivron, du chou, de l’aubergine africaine, du piment et de la tomate. « Lors de la campagne précédente, j’ai produit 170 sacs de poivron, 43 sacs de chou et 15 sacs d’aubergine africaine. J’ai vendu chaque sac à 10 000 F CFA. Pour la première fois, j’ai compté mes millions de F CFA », se réjouit-il. Les bénéfices de la campagne précédente lui ont permis d’acheter deux bœufs pour le labour à 250 000 F CFA chacun. Le producteur a même pris de l’avance sur les préparatifs de la nouvelle campagne : « J’ai acheté aussi 11 sacs d’engrais, changé le moteur de ma moto pompe et réparé la structure de mon puits. Je suis donc prêt à mieux faire cette année. »

Renforcer les réseaux d’entreprises maraîchères

La coopérative « Sabunyuma » du village de Nossombougou, dans la même région, compte 165 membres, dont 20 hommes. Composée majoritairement de femmes, cette coopérative est désormais reconnue légalement dans la sphère des organisations agricoles au Mali. « Nous existions depuis plusieurs années, mais nous n’avions pas de papier. Le projet AVRDC-PAM nous aide à avoir notre récépissé en seulement deux semaines », explique Amadou Traoré, président de la coopérative. Grâce à cette avancée, la coopérative a pu également retirer un prêt du PAM qui attendait depuis déjà un an sur leur compte en banque. « Nous ne savions plus que faire pour retirer cet argent. Grâce à l’accompagnement du projet, nous avons pu retirer les 2 500 000 F CFA sur le compte, qui a ensuite été partagé aux membres de la coopérative pour s’acheter des semences améliorées pour la nouvelle campagne », dit-il. En effet, cette stratégie vise à renforcer les capacités de gestion et de fonctionnement des réseaux d’entreprises maraîchères pour atteindre l’autonomisation des femmes rurales. « Chaque prêt est fait sur la base d’intérêt qui est à la fois collecté au profit de la coopérative et de la banque. Ce qui permet aux membres d’économiser de l’argent pour les dépenses lors des campagnes agricoles », explique Boubacar Goro.

Au Mali, le maraîchage joue un rôle crucial dans la vie des femmes rurales, tout comme dans de nombreuses autres régions d’Afrique subsaharienne. Elles sont souvent responsables de la production maraîchère, de la gestion des jardins et de la commercialisation des produits. Les technologies apportées dans le cadre du projet sont utilisées par celles-ci comme moyen pour créer de la valeur ajoutée. Un marché qui permet à ces productrices de se rapprocher des clients, c’est-à-dire des consommateurs finaux. « Avec le nouveau projet, nous, les femmes de Nossombougou savons très bien cultiver la tomate, le poivron, l’amarante… Grâce à cela, nous arrivons à subvenir aux besoins de nos enfants », témoigne Fanta Traoré, membre de la coopérative.

À seulement un an de mise en œuvre, le projet AVRDC-PAM a atteint des résultats satisfaisants dans les sites d’intervention dans les régions de Ségou et Koulikoro.