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Côte d'Ivoire

« Le couvre-feu réduit les rotations dans l’approvisionnement des marchés »

Publié le 07/05/2020 - 13:35
Bernard Gnenye Adou, directeur général de l’Office d’aide à la commercialisation des produits vivriers de Côte d’Ivoire. Photo : M. Camara

Selon Bernard Gnenye Adou, le directeur général de l’Office d’aide à la commercialisation des produits vivriers de Côte d’Ivoire (OCPV), le fait que les camions ne peuvent plus rouler la nuit, à cause de la crise du coronavirus, rend difficile l’approvisionnement des marchés secondaires d’Abidjan.

 

Quelle stratégie avez-vous mise en place pour l’approvisionnement des marchés de Côte d’Ivoire en produits vivriers ?

Bernard Gnenye Adou : La Côte d’Ivoire fait face, à l’instar des autres pays, à une crise alimentaire due au Covid-19. Face à cette situation, des mesures ont été prises par l’État pour assurer la santé et protéger les Ivoiriens. Ces mesures ont un impact sur le secteur du vivrier, notamment la collecte, le groupage et l’approvisionnement des marchés en denrées alimentaires.

Quel genre de mesures avez-vous pris ?

B. G. A. : Par exemple, avec le couvre-feu, les camions des produits vivriers ne peuvent plus rouler pendant la nuit. C’est à partir de 6 heures qu’ils prennent la route, et ils arrivent dans les marchés d’approvisionnement à partir de 9 heures. Le temps de les décharger au niveau des marchés de Yopougon Siporex, Adjamé et Abobo, il est déjà 15 heures. Il est donc difficile d’approvisionner les marchés secondaires, dans les quartiers.

Qu’en est-il des consommateurs ?

B. G. A. : Quand le consommateur arrive au marché le matin, il ne trouve que les aliments de la veille. Cette perception de manque fait que les prix augmentent. Par rapport à cette situation, dans la matrice que nous avons élaborée, nous avons demandé qu’une dérogation soit prise pour les transporteurs des produits vivriers afin de leur permettre de rouler la nuit comme ils le faisaient par le passé. Autrement, ils peuvent même être escortés par les forces de l’ordre. Nous avions aussi proposé l’organisation de convois sécurisés à partir des grandes zones de productions. Les marchés sont fermés à partir de 14 heures et 15 heures. Lorsqu’un camion arrive vers 14h30, le temps du déchargement coïncide avec la fermeture du marché à 15 heures. Le propriétaire demande alors que son camion soit stoppé pour être déchargé le lendemain.

N’est-ce pas une bonne solution ?

B. G. A. : Le couvre-feu allonge la durée du trajet ainsi que le temps de location des véhicules et augmente le coût de location du transport. Nous souhaiterions que le Gouvernement apporte un appui financier aux propriétaires des marchés et aux commerçants de produits vivriers pour renforcer leur fonds de commerces. Car, avec le coût du transport qui augmente, c’est un manque à gagner pour ces derniers.

Qu’en est-il avec la distanciation sociale ?

B. G. A. : Vous savez que les marchés sont de grandes zones d’affluence, donc respecter la distanciation sociale est difficile. Nous avions proposé que les enfants, qui sont des porteurs sains de cette maladie, n’aient plus accès aux marchés. Nous avions également proposé qu’il y ait une rotation entre les commerçants. Par exemple, si nous avons 300 commerçants dans un marché, la moitié viendrait exercer leur commerce et, deux jours après, l’autre moitié prendrait le relais. Cela permettrait de réduire le nombre des personnes dans les marchés. Nous avions aussi souhaité qu’il y ait un seul client devant l’étal d’un commerçant, pour éviter l’attroupement. Nous avons également proposé que l’Institut d’hygiène publique vienne désinfecter les marchés les samedis et dimanches. Pour les gestes barrières, nous avions exigé que le lavage des mains soit obligatoire pour les usagers. Il est vrai que des mairies font des dons de matériels de lavage de mains, mais cela ne suffit pas. Souvent, les commerçants sont obligés de mettre la main à la poche pour les acheter. Nous demandons à l’État de nous accompagner dans ce sens. Nous avions rencontré des responsables des commerçants pour leur demander de faire en sorte que les produits ne manquent pas sur les marchés. Ils nous ont assuré que cela sera fait, mais surtout que les marchés seront toujours approvisionnés en produits vivriers.

Si la crise perdure, quelle politique allez-vous adopter pour assurer l’approvisionnement des marchés en produits vivriers ?

B. G. A. : Si cette crise perdure, nous allons prendre d’autres mesures. S’il s’avère que tout le monde doit être confiné, nous allons demander à la population de rester chez elle. Dans ce cas, il faut que des couloirs humanitaires soient mis en place. Au niveau d’Abidjan, il faudrait identifier des sites pour rapprocher la nourriture des populations. Je peux vous citer des écoles, des parkings et appeler la population à venir s’y approvisionner afin d’éviter qu’elle ne parcoure de longues distances.

Depuis le début de la crise, quelle action avez-vous menée sur le terrain ?

B. G. A. : Nous travaillons avec les commerçants. Par ailleurs, nous avons fait un don d’une valeur de 7 millions de francs CFA en produits vivriers aux ministères de la Santé et de l’Hygiène et de la Sécurité et de la Protection civile. Cela, parce que ces deux ministères sont en première ligne dans la lutte contre le coronavirus. Nous avons aussi conduit des campagnes de sensibilisation dans les marchés d’Abidjan pour que les commerçants puissent respecter les consignes du ministère de la Santé.

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