Le docteur, ses porcs et ses palmiers
Le pharmacien-biologiste a l’agriculture en passion. Il élève des porcs près d’Abidjan, mais exploite aussi des hévéas, des palmiers, du cacao. Nous l’avons rencontré dans son officine, ainsi que ses employés dans son élevage de porcs.
Mauricette NGuessan est responsable de l’élevage porcin du Dr Christophe N. Attoumbré, pharmacien-biologiste près d’Abidjan. Quand ce dernier sert les médicaments à ces patients, Mauricette, elle, s’occupe des truies allaitantes, des porcelets et des porcs charcutiers de l’exploitation. Certes, la technicienne n’est pas seule. Elle est secondée par une quinzaine d’employés, y compris le gardien et les ouvriers qui s’occupent de la fabrique d’aliment.
Environ 160 truies et plus de 1 000 charcutiers
« Il y a 9 à 10 porcelets par naissance. Les poids de carcasses oscillent entre 50 et 90 kg, explique-t-elle savamment. Nous utilisons quatre races : Large White, Land Race, Piétrain et Duroc, et quatre types d’aliment. » Côté négatif : « On compte 2 à 6 morts par jour, surtout quand les mères écrasent leurs petits ».
Voilà pour la technique. Derrière le comptoir de son officine, le Dr Attoumbré, 51 ans, revient sur son histoire. « Au début, je faisais des poulets de chair, des pondeuses et du poisson, explique celui qui a été enseignant et assistant chef de clinique. Puis, le vétérinaire m’a dit "essaie le porc". En 2006, j’ai commencé avec deux truies. Aujourd’hui, j’en ai environ 160 et plus de 1 000 charcutiers ».
L’homme se dit toujours en train d‘innover : « En ce moment, j’essaie de nouvelles pipettes ». La génétique : « J’importe des semences du Brésil, d’Afrique du sud, de France ». Pour l’alimentation, il utilise « des drêches issues de la bière pour baisser le coût » car « la marge est faible ». Économie encore avec l’énergie solaire pour être « autonome en eau ». Côté surveillance : « J’ai des caméras partout. Je pense aussi à des drones… ».
200 millions de francs investis
La commercialisation : « Je vends 200 à 250 charcutiers chaque mois à des dames ou des marchands ambulants qui vendent le porc au four ou braisé ». Les porcelets se vendent « pendant les périodes de fêtes, les cérémonies, les baptêmes… ». Le fils de l’ancien maire d’Adjamé évoque « 1 250 F/kg, dégressif jusqu’à 1 000 F ». Il explique : « Les charcutiers dictent leurs prix. Ils menacent d’importer de la viande congelée, notamment de France… ».
Lui a investi « environ 200 millions de francs » dans son affaire. Alors, « ça pourrait être un peu plus rentable », sourit-il. Il pense aux grandes surfaces : « C’est un raz-de-marée. Il faut avoir l’intelligence d’aller avec eux ». Le Dr Christophe vend déjà quelques canards au nouveau Carrefour Abidjan. Il évoque la vente à la ferme, les paniers et « l’ouverture de magasins de produits régionaux de qualité ».
Heureusement, le Dr Attoumbré a d’autres sources de revenus : la pharmacie, mais aussi des plantations (hévéa, palmier, cacao…), des légumes, ces canards. « Je vais irriguer bientôt », dit-il. Pour trouver les nouvelles techniques, le pharmacien voyage « en Bretagne, en Hollande, au Brésil, aux États-Unis ». Il rêve d’aller « dans les pays asiatiques ». Une vraie vie d’entrepreneur agricole en somme.
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