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Les murs porteurs

Publié le 21/11/2019 - 12:15

« Mais pourquoi voulez-vous que toutes ces structures résolvent le problème, puisque c’est leur raison de vivre !  » Cette réflexion d’une responsable agricole ghanéenne à la sortie d’une conférence de l’AFD, il y a quelques années à Paris, m’avait fait sourire. Et même rire lorsque, sur le chemin, elle avait égrené, verbes et gestes forts à l’appui, toutes les grandes structures onusiennes (FAO, Fida, Pnud…), les ONG et les bailleurs de fonds (Banque mondiale, FMI…) « responsables », selon elle, de l’aide au développement.

Quelques années plus tard, en parcourant l’Afrique, comme nous le faisons régulièrement pour notre magazine, j’en suis parfois arrivé à me poser des questions. Comment se fait-il que le continent soit aussi peu développé après tant d’années d’activité de ces structures ? Comment se fait-il qu’après tant de sommes d’argent colossales dépensées, la base des infrastructures – routes, rails, eau, électricité, écoles, hôpitaux… – soit, de même, aussi embryonnaire ? Comment se fait-il que tant de gens soient toujours mal ou sous-alimentés ? Comment tout cela est-il encore possible en 2019 ?

« Oh mais, cher monsieur, toutes ces sommes ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan des besoins  », m’avait un jour répondu, en substance, d’un air un peu hautain, et surtout en des termes beaucoup plus savants, un expert du développement en Afrique. Certes, le continent est grand. Certes, les besoins sont immenses. Certes, la tâche est complexe. Mais tout de même, n’y aurait-il pas moyen de faire mieux, avec les ressources existantes ?

Les projets financés sont-ils toujours les bons ? Les bénéficiaires sont-ils toujours ceux qui en ont le plus besoin ? Y a-t-il vraiment besoin d’autant d’administration pour traiter ce problème ? Non, sans doute. Et puis il est plus facile de dire que de faire. Et puis, les manquements sont ailleurs : la gouvernance africaine elle-même ; le prélèvement des matières premières ; la transformation dans les pays riches ; les banques trop gourmandes ou trop frileuses ; la corruption ; l’emprise des anciennes colonies… Bref, on en revient toujours au même.

Restent les murs porteurs, comme dirait Florent Pagny. La vie, la joie de vivre, la lumière du jour… L’espoir de jours meilleurs. Les femmes et les enfants portent toujours des seaux sur leurs têtes en Afrique. Mais la roue tourne. Internet, la jeunesse, les idées, le temps qui passe… C’est sûr, un jour, l’Afrique prendra toute sa place sur notre planète et brillera comme jamais.

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